par Dr. Yang, Jwing-Ming, July 26, 2011
Il faut 3 ans pour apprendre la séquence de taichi chuan et faire circuler harmonieusement le Chi tout en parvenant à coordonner respiration et mouvements. Il faut ensuite apprendre à équilibrer et diriger le chi. La troisième étape consiste à renforcer votre chi et développer le sens martial. Enfin, il faut parvenir à pratiquer la forme de taichi et savoir exprimer le Jin.
Photo: P. Segadaes
Rôle du Chi en taichi chuan
Si le chi est fort, il est est de même pour le Jin. Pour parvenir à renforcer votre chi, il faut s’exercer à réaliser la forme de taichi de plus en plus lentement. C’est l’aspect Yin de la pratique qui vous permettra de renforcer votre chi, mais aussi d’améliorer votre concentration. Il faut environ 20mn pour exécuter la forme de taichi (Partie 1, 2 et 3). Essayer d’allonger le temps d’exécution à 25mn, 30mn, etc… sans ajouter de temps de respiration supplémentaires. Cela suppose d’être extrêmement détendu et calme.
Si vous parvenez à réaliser votre forme en une 1h, votre chi sera « plein » et fluide, votre esprit totalement calme et vos positions très relaxées. Cela joue de même sur votre rythme cardiaque. Vous atteindrez alors un état « quasi méditatif ». Vous sentirez à peine votre corps et vous vous sentirez comme « une boule d’énergie ». A ce moment, vous aurez la sensation d’être transparent.
Pour rendre votre forme de taichi vivante, il faut développer le sens martial. Tout en pratiquant la forme, il faut imaginer les mouvements d’attaque et de défense. La pratique à deux permet de vous améliorer, mieux ressentir les mouvements. A l’étape suivante, vous n’aurez plus besoin d’imaginer un adversaire, mais vous aurez développer cette « présence » nécessaire à l’exécution d’une forme de taichi « vivante ».
Plus vous pratiquez de cette manière et plus vos techniques seront efficaces. Cette approche martiale permet de correctement placer votre chi et votre Jin tout en gardant un esprit clair. Il y a une grande différence entre un musicien qui exécute « froidement » un morceau et un autre qui joue en mobilisant à la fois son cœur et son esprit. Il en est de même en taichi chuan.
Si vous ne parvenez pas à intégrer le jin à votre forme, celle-ci restera vide. Il faut donc travailler à mêler étroitement la technique et le jin. Pour ce faire, il faut pratiquer la séquence rapidement. C’est l’aspect Yang du taichi qui permet d’exprimer votre puissance. Si vous parvenez à mémoriser parfaitement la séquence tout en coordonnant précisément la respiration et le chi, il vous faut alors accélérer la vitesse d’exécution. Car en combat réel, les mouvements s’enchaînent à très grande vitesse. Si vous ne pratiquez que la forme lente, lorsque vous accélérerez, votre chi risque d’être « brisé », votre équilibre sera instable et vous serez incapable de concentration. Il vous sera alors impossible d’exprimer votre ji lors d’un combat.
N’allez pas trop vite, ne brûler pas les étapes. Cela serait au détriment de votre concentration, de la maîtrise du chi, ou encore de la respiration. Lorsque vous pratiquez la forme rapide de taichi, éviter une vitesse constante. Tenez compte des moments d’expression du jin.
Les postures dans le Taichi Chuan
Le taichi chuan étant une forme de chi kung en mouvement, il faut des positions précises :
– une position trop rigide conduit à la stagnation du chi
– en combat, de mauvaises positions risquent d’exposer vos points vitaux
– une mauvaise position des épaules et des coudes empêche l’expression du jin
Grandes et petites postures du Taichi Chuan
Les débutants doivent en principe travailler des positions basses. Cela permet de relâcher les muscles et de mieux sentir les mouvements et favoriser/ressentir la circulation du chi. Plus les positions sont larges, mieux le chi circule. Cette approche fut généralisée par Yang Cheng Fu en 1926 et demeure un principe de base pour tous ceux qui veulent pratiquer un taichi de « santé ».
Les postures larges et basses facilitent l’expression du jin et permettent d’accroître votre vitesse en situation de combat.
Les positions basses permettent d’exercer son enracinement. Sans solide fondation, votre jin restera faible. Il faut ensuite maîtriser la « grande circulation » (circulation du chi) jusqu’à ressentir comme si votre chi s’enracinait profondément sous vos pieds (comme un arbre).
A ce stade, vous pouvez réduire votre posture et relâcher les muscles des jambes. Cela facilite la circulation du chi et en retour vous gagnerez en relaxation. Au niveau supérieur, l’usage des muscles est réduit à leur strict minimum et votre chi peut alors circuler « librement » tout en générant un ji puissant.
En conclusion : favorisez un travail à la fois interne et externe; à mesure que vous progressez, sollicitez de moins en moins vos muscles, utiliser votre esprit pour diriger votre chi. Commencez par des positions larges et basses, passez d’une forme lente à une forme rapide. Pour un jin puissant : renforcer votre enracinement, développer vos jambes, équilibrer votre Yi et votre chi. Et suivez les conseils de Zhang San Feng :
Enracinement des pieds. Le jin circule alors le long des jambes, est contrôlé par les hanches et s’exprime par les doigts. Des pieds aux doigts en passant par la taille (dantian), vous devez disposer d’un chi diffus. Vous serez alors en mesure de saisir les bonnes occasions et prendre le dessus sur votre adversaire.