Source: Kung Fu Magazine
Vous devez être réellement intéressé par les arts martiaux. Il ne peut s’agir d’une simple pensée passagère.
Dr. Yang Jwing-Ming
Dans cet article, vous retrouverez la traduction de l’interview du Dr. Yang Jwing-Ming menée par Gene Ching pour le magazine Kung Fu magazine à l’occasion des 40 ans de la YMAA !
GC : À votre avis, quel est le plus grand défi pour les arts martiaux aujourd’hui comparé à ce que vous avez connu lorsque la YMAA a commencé ?
Yang Jwing-Ming : Dans l’ensemble, nous avons connu une période de paix relative depuis les années 1960. Beaucoup de gens se sont désintéressés de l’apprentissage de l’autodéfense, ce qui est très différent des années 1970 et 1980, lorsque la YMAA a commencé. Il est devenu plus difficile de compter sur l’enseignement des arts martiaux comme moyen de subvenir à ses besoins. Dans les années 1980, je pouvais trouver facilement des élèves et, à l’époque, le marché continuait à se développer. Cependant, je pense que la santé et le développement spirituel sont aujourd’hui au premier plan. Des domaines tels que le Taijiquan et le Qigong pour la santé et le bien-être deviendront encore plus populaires que les arts martiaux au cours des prochaines décennies.
GC : Vous pratiquez le Kung Fu depuis plus de soixante ans maintenant. Quel est votre secret pour maintenir votre pratique aussi longtemps ?
YJM : Tout d’abord, vous devez être réellement intéressé par les arts martiaux. Il ne peut s’agir d’une simple pensée passagère. Deuxièmement, vous devez être sincèrement et sérieusement impliqué. Troisièmement, vous devez vaincre votre paresse émotionnelle et être patient. Enfin, et c’est le plus important, vous devez avoir des enseignants bons et qualifiés.
GC : Combien de temps passez-vous à pratiquer les arts martiaux et le qigong aujourd’hui et en comparaison avec votre emploi du temps lorsque vous avez commencé ?
YJM : Je m’entraîne avec quelques élèves à mon domicile actuel, au moins une heure par jour du lundi au vendredi. Je médite également 2 à 3 heures par jour. Tôt le matin, je pratique seul une heure d’exercices de Qigong pour me réveiller. L’objectif principal de mon entraînement est de ralentir mon processus de vieillissement et de me maintenir en bonne santé. Enseigner aux quelques élèves que j’ai est ma façon de suivre mon programme et de rester discipliné.
GC : Combien de temps passez-vous à écrire aujourd’hui comparé à votre emploi du temps lorsque vous avez commencé ?
YJM : Depuis que j’ai commencé à ressentir une gêne au niveau des yeux l’année dernière, j’ai du mal à me concentrer pour lire ou écrire. Si l’ophtalmologue peut trouver un traitement approprié pour résoudre le problème, je pourrai alors me remettre à écrire. Lorsque j’ai commencé à écrire, mes principales motivations étaient de partager mes connaissances avec l’Occident et de gagner ma vie. La nécessité de survivre était extrêmement forte puisque je devais subvenir aux besoins de ma famille. J’écrivais autant que je le pouvais lorsque je n’enseignais pas, au moins trois heures par jour en moyenne.
GC : Quel a été le plus grand défi pour vous de pratiquer les arts martiaux à soixante-dix ans et comment l’avez-vous surmonté ?
YJM : Physiquement, je suis une vieille machine et je peux être brisé à tout moment. J’aime les arts martiaux mais à ce stade de ma vie, je suis plus préoccupé par ma santé et mes aptitudes. J’ai fait une transition progressive de ma pratique des arts externes vers les arts internes, il y a environ 20 ans.
J’ai découvert que j’ai constamment besoin d’un » coup de pouce » pour continuer à pratiquer au quotidien. L’enseignement aux élèves est une de mes motivations. L’autre est de penser à mon dernier jour qui arrive bientôt.
GC : Quel conseil pourriez-vous donner à quelqu’un qui est épuisé par sa pratique et qui envisage d’arrêter ?
YJM : Pensez à votre santé et à votre avenir. Quand on est jeune, c’est le moment idéal pour construire nos bases, tant mentalement que physiquement. La santé et le bien-être mental sont des investissements à long terme, donc plus on commence tôt, mieux c’est. Cependant, quel que soit l’âge, il n’est jamais trop tard pour commencer. Même dans la cinquantaine, vous pouvez probablement gagner quelques années de vie plus saine et plus heureuse. En fin de compte, nous sommes tous responsables de notre propre destin.
GC : J’imagine que vous avez beaucoup d’armes d’arts martiaux dans votre maison. Si un jour un cambrioleur s’introduisait chez vous, laquelle prendriez-vous et pourquoi ?
YJM : Si l’adversaire avait une arme à feu, je ne serais pas assez fou pour saisir une vieille arme traditionnelle pour me défendre. Je me contenterais de me plier aux exigences de cette personne, dans la limite du raisonnable. De toute façon, je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à convoiter chez moi. J’aime avoir une vie simple. Si le malfaiteur n’a pas d’arme à feu ou d’armes modernes, j’utiliserais ce qui est utile autour de moi. Je ne me donnerais pas la peine de chercher un objet précis.
GC : Si vous aviez la possibilité de tout recommencer, que changeriez-vous ?
YJM : Tout d’abord, en termes d’édition, je me serais davantage concentré sur la création de vidéos au lieu d’écrire des livres. Il faut moins d’efforts et moins de temps pour produire des vidéos que pour écrire. De nos jours, les gens ne lisent plus autant et préfèrent regarder des vidéos. J’aurais écrit des livres, mais sans le stress et contraintes supplémentaires liés à la nécessité de maintenir l’entreprise hors de l’eau à chaque publication.
Deuxièmement, si j’avais disposé de mes connaissances actuelles et de l’accès à la recherche, aux données et aux articles lorsque j’étais plus jeune, ma pratique, mes habitudes et mon mode de vie auraient certainement été très différents. En particulier, j’aurais eu une meilleure base pour la méditation et la pratique interne, avec un corps physique plus performant. Quand j’étais plus jeune, j’étais en bonne forme physique, mais je manquais de connaissances. Maintenant, je suis plus âgé, j’ai plus de connaissances mais moins de force physique. Malheureusement, beaucoup de connaissances aujourd’hui n’étaient pas facilement accessibles il y a 40 ans. Nous sommes aujourd’hui dans une ère où les connaissances sont plus facilement exploitables. J’aurais aimé avoir de telles opportunités d’apprendre quand j’étais jeune, mais j’essaie toujours de tirer le meilleur parti de ce que je peux faire maintenant.
Enfin, si je ne devais pas enseigner et écrire pour gagner ma vie, j’aurais probablement choisi quelques étudiants engagés pour les former de manière traditionnelle. J’aurais pu consacrer plus de temps, d’énergie et de ressources à améliorer la qualité au lieu de m’inquiéter de gagner assez d’argent pour survivre. Cependant, comme je l’ai constaté avec le centre de retraite, il est très difficile à notre époque de trouver des étudiants compétents qui peuvent rester engagés et sincères. Il est difficile de savoir si cette approche aurait été meilleure ou pire pour transmettre cet art de mon vivant.
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